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salon du végétal Se retrouver, même en virtuel

Le Salon du végétal digital a eu lieu les 14 et 15 septembre 2020.©Destination Angers

Le salon du Végétal, organisé en ligne les 14 et 15 septembre 2020, a permis d’échanger sur les conséquences de la crise et d’imaginer l’après, ensemble.

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Premier rendez-vous végétal français post-confinement, l’édition virtuelle du Salon du Végétal a rassemblé tous les acteurs de la filière, avec pour objectif de l’accompagner vers, on l’espère, une sortie de crise. « L’objectif c’est de se retrouver, se rassembler autour du végétal, et, ne l’oublions pas, de faire du business » souligne Thierry Browaeys, président du BHR (bureau horticole régional) en introduction de la journée de tables rondes lundi 14 septembre.

En parallèle de ces deux journées de tables rondes et de webinaires, les participants au Salon pouvaient consulter la liste des producteurs français référencés et programmer des rendez-vous. « Personne n’était préparé à cette crise, observe Mikaël Mercier, président de l’interprofession Val’Hor. Il y a eu des choix compliqués à faire ». Mais l’atterrissage semble moins violent que craint au début de la crise, malgré de grandes disparités selon les métiers et la taille des entreprises. La réouverture des points de ventes pour les plants potagers, puis pour l’ensemble des plantes ornementales en avril, et la volonté de nombreux français de jardiner a en partie sauvé la saison.

État des lieux

Alors que la saison s’arrête généralement à la fête des mères, cette année, elle a continué après. « On a fait de très belles ventes jusque fin août, confirme Pascal Renaud, des pépinières Gicquiaud (44). On est désormais à 5 % de pertes du chiffre d’affaire (CA). En octobre, on aura peut-être rattrapé le retard ».

Mais tous les producteurs n’ont pas réussi à redémarrer rapidement. Notamment, les pépiniéristes qui fournissent les collectivités et entreprises*.

Un point sur lequel les producteurs invités aux tables rondes ont mis l’accent : la mise en commun et le partage. « Il faut qu’on se retrouve entre producteurs. On n’a pas assez de réseaux » estime Pascal Renaud. « Pendant le confinement, on a beaucoup échangé, on a mis en commun nos disponibles. On s’est rendus compte qu’on produisait beaucoup de choses en France » abonde Jean-Marc Auray, des pépinières du Val d’Erdre (44).

Côté consommation, lorsque les jardineries ont ré-ouvert, « on a battu record après record sur certaines familles de produits, rapporte Patrick Abadie, des jardineries Truffaut. Mais, à la mi-septembre, on n’a pas rattrapé le retard sur le végétal ».

Au départ, ce qui a été le plus vendu, c’étaient les végétaux à finalité vivrière : plants potager, petits fruits, arbres fruitiers, plantes aromatiques… Après ce fut le tour des plantes pour les balcons, terrasses ou intérieur. Les familles de produits qui ont eu le plus de mal à redémarrer, ce sont les fleurs coupées et les plantes d’intérieur fleuries.

A la fin de la première table ronde consacrée à l’état des lieux de la filière, Brand Wagenaar, analyste des filières horticoles, a fait un point sur la situation à l’international*. Partout, les consommateurs ont plébiscité le végétal. « On a attiré beaucoup de gens vers le végétal, il faut maintenant les retenir. Il faut éviter les espoirs déçus pour ne pas perdre ces nouveaux consommateurs acquis pendant la crise. Les informations sur le produit doivent donc être claires, et simples à comprendre » assure-t-il. Autre sujet d’importance selon lui : « l’empreinte carbone de notre production. Il faut s’y intéresser dès maintenant. Bientôt, on aura à la renseigner partout ».

Afin d’avoir une vision d’ensemble des conséquences de la crise sur les entreprises de la filière, Val’Hor a mis en place une étude, via un cabinet d’audit. Les résultats seront dévoilés dans leur intégralité le 14 octobre 2020, lors de l’assemblée générale de l’interprofession.

Des tendances confirmées par la crise

« Il y a un vrai engouement des Français pour la vente en ligne de plantes » témoigne Adrien Moreau, responsable des achats chez Promesse de fleurs, lors de la deuxième table ronde de la journée intitulée « l’avenir, c’est quoi ? ».

Avant la crise « la vente en ligne représentait à peine 1 à 2 % des ventes de plantes, rappelait Mikaël Mercier en introduction de la journée. Pendant la crise, la grande distribution et internet sont les deux seuls canaux qui restaient ouverts ». Le e-commerce a donc beaucoup bénéficié du confinement. Chez Promesse de fleurs, spécialisé dans la vente de plantes en ligne, il y a eu une multiplication des ventes par trois au début de la crise**.

Certains producteurs ont également essayé de passer à la vente en ligne, pas toujours sans mal. « Notre métier, c’est la production, et la vente en distribution spécialisée, témoigne Marie Levaux, productrice aux établissements Cannebeth et présidente de la FNPHP (Fédération nationale des producteurs de l’horticulture et des pépinières). On a changé de métier pendant quelques semaines. On avait un outil de vente par correspondance depuis une dizaine d’années, développé pour les collections botaniques, mais il était très discret ».

Aux pépinières Gicquiaud « on est passés de 30 commandes / jour à 400 commandes /jour, relate Pascal Renaud. On avait trop de commandes, on n’était pas armés pour les honorer. On aurait dû en refuser ». Les transporteurs habituels, la Poste et Geodis ne livrant plus, il a fallu en trouver d’autres, mais les retards se sont accumulés, de même que les commentaires négatifs, difficiles à vivre pendant cette période.

Si la crise a pris de court certains acteurs de la filière sur le digital, elle a permis de grandes avancées sur cette question. Beaucoup en ont profité pour développer des outils. « Aujourd’hui, on ne peut pas être dans le déni pour le digital » reconnaît Marie Levaux.

Autre grande tendance du confinement : l’achat de proximité. Livraison locale, drive, produits français… Les consommateurs se sont montrés plus attentifs à la provenance des produits. « La mise en place du Drive a amené de nouveaux clients qui sont revenus après le confinement. Le pont de vente de détail a progressé en mai-juin » constate Jean-Marc Auray.

Du côté des professionnels aussi. Avec les frontières fermées et les difficultés d’approvisionnement « il y a eu beaucoup de demandes de fleuristes pour connaître les producteurs locaux » révèle par exemple Mikaël Mercier, président de Val’Hor qui a contribué à créer un annuaire dédié.

Une série de webinaires

La journée du mardi 15 septembre était consacrée à des webinaires.
En comptant celui sur le recrutement organisé par Apecita lundi après-midi, les participants au Salon ont pu en suivre 7, aux sujets variés.

En écho à la tendance de produits de proximité et français confirmée pendant la crise, un webinaire a fait le point sur les labels, et notamment Plante Bleue et Fleur de France.

Deux autres webinaires étaient proposés par Végépolys Valley. Un premier sur le marché Russe. « Les consommateurs russes sont très amateurs de qualité française et sont à la recherche de produits innovants » note Amaury Vildrac. Un focus a été fait sur les fleurs coupées, produit que les russes affectionnent particulièrement.

Le deuxième s’est intéressé aux applications des marqueurs moléculaires dans l’ornemental. Identifier et authentifier le genre, l’espèce ou la variété, rechercher la parenté, évaluer et exploiter la diversité génétique, accélérer la création variétale en sélectionnant un caractère grâce à un marqueur… Les possibilités sont nombreuses. « Ces technologies deviennent plus rapides et moins chères » estime Anne Rodier, du centre R&D (recherche et développement) de Végépolys Valley.

Deux autres webinaires étaient animés par Laurent Peron d’Evoxya : « Quels changements dans les business model du secteur végétal suite à la crise Covid19 ? » et « l’importance de l’expérience utilisateur et de la communication multi canal dans l’achat de végétaux ».

Laurent Peron est notamment revenu sur les tendances accélérées par le Covid : le DIY, la proximité, la simplicité et la sécurité.

Le dernier webinaire était consacré à Floriscope et Végéstock. Le site internet et application mobile Floriscope, développé par Plante & Cité, a trois objectifs :
- connaître et choisir des végétaux ;
- voir les végétaux ;
- et trouver les végétaux.

184 000 noms de plantes cultivées sont référencées. Sur ce socle, viennent se greffer des contenus : environ 47 000 images correspondant à plus de 11 200 plantes et plus de 7 000 fiches revues et vérifiées. L’objectif est d’aider les professionnels à trouver une plante grâce à un moteur de recherche dédié.
Et pour voir les végétaux in situ, Floriscope signale les jardins et parcs dans lesquels ont peut les retrouver.

Le site a également mis en place un référencement gratuit des catalogues de producteurs français.
A l’heure actuelle, il y a 67 partenaires.
Floriscope fait également le lien vers Végéstock, un outil développé depuis 2012 à destination des pépiniéristes. Il a été développé suite au constat que les disponibles des entreprises entre elles sont très mal connus, et qu’il existe une difficulté à compléter des gammes localement.

Contrairement à Floriscope, ce service est payant pour les producteurs qui mettent en ligne leur catalogue. Il permet de comparer les produits disponibles chez différents pépiniéristes et de faire une demande de devis, les prix n’étant pas affiché sur le site. Des améliorations de l’outil sont à venir.

A la fin de ces deux journées d’échanges virtuels, le mot d’ordre était : rendez-vous en février en présentiel, les 10 et 11 février. « C’est hyper important de rompre nos solitudes » conclut Christophe Béchu, maire d’Angers.

Étude « impact covid » de Val’Hor

Si l’entièreté de l’étude sur la crise sanitaire et économique, commandée par Val’Hor à un cabinet d’audit, ne sera dévoilée que lors l’assemblée générale de l’interprofession (le 14 octobre 2020), de premiers chiffres suite à la crise ont été annoncé par son président lors du Salon.

« Sur l’ensemble de la filière, on est à - 14 % du chiffre d’affaire (CA) entre mars et juin, contre +17 % uniquement pour le mois de juin.
Les entreprises les plus impactées sont d’abord les fleuristes, puis les grossistes et les producteurs […].
D’après les résultats de cette enquête, il y aurait 15 % de fleuristes en moins, et 4 % de producteurs en moins.
Et, en comptant les saisonniers, on compte une perte de 3 600 emplois environ, toutes filières comprises ».
Au total, 2 000 entreprises ont été auditées.

Léna Hespel

*lire article « Un printemps contrasté, un futur plein de questions », dans le Lien horticole n° 1099 pages 42 et 43.

**lire article « Promesse de contrat pour la production », dans le Lien horticole n° 1099 page 15

A lire : Lundi 14 septembre, en ouverture de cette manifestation nouveau format, deux plateaux télé ont été retransmis en direct et restent visibles en replay.

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